Une nuit que j'étais...

Publié le par unknownpoet.over-blog.com

 

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[C’était la nuit, je ne me souviens plus quand, il y a quelques jours peut-être, des branches à contre-jour sous un lampadaire ; un cadre autour pour créer une image, un sens, mais pas le bon. Mais déjà j’oublie,] Toujours j’oublie, pense à autre chose, l’insignifiant prend une place prépondérante, autre chose, autre lieu, un événement anodin détourne ma pensée, mon esprit sur d’autres chemins, routes déviantes. La bifurcation est permanente en suivant le rythme de mes pas dilettantes ; je me souhaiterais en une autre saison, marchant sur ce même pont en été, voile léger des vêtements de lin gaiement agités par un vent chaud, mais la saison tire la bride de mon imagination et je me satisfais du lourd tomber du velours. Je tourne la tête, souris à une pensée, ou peut-être à cette fille qui passe au loin et ne me voit pas. Certains passages du temps se perdent dans leur banalité qui les plonge dans l’abîme de mes oublis, en même temps que des souvenirs que rien ne retient, pas même leur importance.

Plus tard et plus loin, je marche toujours, remarque un détail qui déjà se perd dans un halo sensoriel que je me plais à imaginer, parfois. Et j’essaye de créer, réfléchir à l’inachèvement d’un écrit, d’une vision, d’une pensée. Je dois me forcer, obliger mon attention à rester éveillée, aiguillée par un plaisir virtuel promis. Mais toujours distrait, je ne m’accroche à rien de tangible dans les tiroirs profonds et obscurs de ma mémoire trouée, encore un mystère à résoudre. Suivre une idée, ne pas la perdre, la triturer, la retourner, en observer toutes les facettes pour en tirer une réflexion, un raisonnement valable, tâche ardue quand l’esprit divague, plus loin que soi, toujours une longueur d’avance.

Et je me perds…

Fondu au noir, le retour se fait, allongé chez moi, dos contre le sol nu, méditation creuse, pense à rien, pense à rien, toujours cette obsession pour la salle de cinéma vide, tous strapontins de velours rouge relevés, petite musique légère, je chantonne et ferme les yeux.

J’oublie… Peut-être est-ce mieux ainsi… J’oublie…

 

Publié dans Scribouillages

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