Des traces

J’aimerais laisser derrière moi une série d’autoportraits photographiques, autant que de lieux visités, que de souvenirs pris ou laissés dans la mémoire versatile de rencontres de passage, gravures sur papier argentique de mon visage reflété dans les miroirs, les regards d’amours perdues, dissimulé derrières une attitude, une posture inhabituelle, un sourire, une grimace, mes cheveux. Netteté variable, flou artistique, mouvements insaisissables en un déclic trop rapide, contre-jour plus ou moins volontaire, cadrages approximativement réfléchis ; en pied pour me saisir dans l’imperfection de mon être ; corps dissimulé sous une tenue au goût incertain, en buste pour ne cadrer que l’émotion presque palpable qui peut me conférer le peu de charme que je m’octroie ; variation sur la couleur, l’échelle de plan, exposition plus ou moins osées selon l’humeur et l’envie ; gros plan incompréhensible pour interroger, voire, certains jours, une préférence pour un hors-champ salvateur et dissimulant des fêlures inavouables, juste une main, un pied, infime et néanmoins intime révélateur d’un simple bout d’un être/corps que je souhaiterais sincèrement mystérieux. Mais parfois j’aimerais confier l’appareil à un tiers, altérité qui saisirait d’un œil objectif, précis, ce que je ne peux – absence d’ubiquité – moi-même. Mon pied émerge d’une couverture.